Les paysages fixes, stables, arrêtés n’existent pas. Le sédentaire et le définitif ne sont que des illusions d’optique, des déficits de perception ou d’interprétation. Tout dans les paysages remue, tangue, chaloupe, bouscule, migre et se déplace… Ceux-ci sont parcourus de vastes, mais discrets mouvements – la dérive courbée des étoiles, la fugacité des nuages, la lente émergence du jour au petit matin, la fonte amère des glaciers ou la migration têtue et silencieuse des plantes et des forêts. Car des pissenlits aux peupliers, les végétaux se dispersent et cheminent discrètement, chacun d’eux à son rythme – de 4 à 200 kilomètres par siècle selon les espèces, afin de comparer sans cesse les sols, les vents dominants et les expositions.
Pour amplifier encore cette diversification incessante, les paysages bénéficient aussi des migrations et transhumances qui caractérisent l’ensemble du règne animal, de la sterne arctique à l’anguille, l’hirondelle commune, la baleine à bosse ou le papillon monarque – formidables pulsions qui déplacent le vivant à la surface du globe, d’Islande en Tasmanie, d’Alaska en Nouvelle-Zélande, sans boussole ou système de géolocalisation embarqué. Chacun de ces étonnants voyageurs emporte au long cours des fientes gorgées de graines, des bactéries exogènes et es mélopées renouvelées qui refondent les écosystèmes et nos imaginaires.
Mais les paysages sont aussi reconfigurés continuellement par les activités humaines, et c’est peut-être la figure de l’embarquement du conducteur dans le paysage qui émerge avec le plus d’intensité du monde contemporain…
C’est avec cette attention soutenue à l’enchevêtrement des mouvements qui trament les paysages et tendent le cours du monde, que cheminent les auteurs ou les artistes de ce numéro. Ce numéro de local-contemporain est édité à la suite de la saison 02 de paysage-paysages, une initiative du Département de l’Isère sur une proposition artistique de LABORATOIRE.

Olivier de Sépibus
(photo Stéphanie Nelson)
Montagne défaite : Extrait de LC-10

(photo Maryvonne Arnaud)
Résister à la géographie, Guillaume Monsaingeon à propos de l’exposition Graphies des
déplacement au VOG, centre d’art de Fontaine

Chloé Moglia
(photo Stephanie Nelson)
10 questions à Chloé Moglia à l’occasion de Ça remue, cycle de Performances, séminaire, mashup de films et conversations entre artistes et philosophes au musée de Grenoble

Daniel Bougnoux
(photo Stéfanie Nelson)
Voyage en phototype, Daniel Bougnoux à propos de paysages sur écoute, une expérience de déplacement acoustique dans le paysage à l’initiative du CAUE

Caroline Duchatelet
(photo Stéfanie Nelson)
Accueillir la lumière, conversation avec Caroline Duchatelet, à l’occasion de l’exposition de son oeuvre Le 25 mars exposée au musée Hébert

Philippe Mouillon
(photo Stéphanie Nelson)
Paysage en mouvements, Philippe Mouillon à propos de la saison 02 de paysage-paysages